La qualité de l’air et son impact sur la santé publique ont toujours été des passions pour Joëlle Goyette Pernot, professeure à l’institut TRANSFORM de la HEIA-FR.

Son parcours académique débute à Lyon avec un Master en géographie – spécialité en climatologie urbaine – pour se conclure à Fribourg par une thèse de doctorat – commencée à Montréal – en aérobiologie. C’est ensuite un projet européen sur le confort bioclimatique dans les espaces publics urbains qui amène Joëlle Goyette Pernot à intégrer la HEIA-FR en architecture au début des années 2000.

«Je suis bien évidemment sensible aux conséquences de l’activité humaine sur l’environnement. Mais, très tôt, je me suis intéressée à l’impact de l’environnement sur l’homme et sur son avenir, et j’ai souhaité explorer cette thématique à travers le prisme de la qualité de l’air», explique la chercheuse. «J’ai toujours voulu travailler dans les sciences de l’environnement, mais j’ai aussi toujours eu besoin de garder l’humain au centre de mes préoccupations.» En 2009, lorsque l’Office fédéral de la santé publique décide de nommer un délégué radon à la HEIA-FR, qui sera chargé de transposer cette thématique dans l’enseignement pour les professionnels de la construction en Suisse romande, elle y voit ainsi une très belle opportunité de développer ses activités dans cette direction.

«J’ai tout de suite compris que ce mandat correspondait à tout ce qui me passionne», raconte Joëlle Goyette Pernot avec enthousiasme: «Étudier la santé publique par une approche environnementale et interdisciplinaire. Et, cerise sur le gâteau, tout ceci dans un milieu nouveau, l’architecture: un nouveau défi!»

Première étape, se former sur le sujet, avec la rigueur et l’honnêteté scientifiques si importantes à ses yeux: «Cela m’a paru logique de transposer mes connaissances sur la qualité de l’air extérieur dans l’air intérieur. Et le radon est un sujet passionnant! En Suisse, c’est le seul polluant de l’air intérieur pour lequel existe une réglementation fédérale, avec l’Ordonnance sur la radioprotection.»

Ses différents projets sont aujourd’hui réunis sous croqAIR, le Centre Romand de la Qualité de l’Air Intérieur et du Radon dont elle est la responsable au sein de l’institut TRANSFORM. «En dix ans, à partir d’un terrain vierge et avec le soutien constant de l’OFSP, nous avons réalisé de beaux progrès.»

«Je suis en formation continue perpétuelle.» Et Joëlle Goyette Pernot de préciser: «Toutes mes activités sont autant d’axes de travail qui se nourrissent mutuellement. Les prestations de service ainsi que la Ra&D nous permettent de garder le contact avec le terrain, réalité qu’il est indispensable de transposer dans la formation professionnelle.»

À travers les différents projets menés, elle essaie de répondre à une question fondamentale: «Comment intégrer au mieux et de manière plus systématique la problématique de la qualité de l’air intérieur dans le projet d’architecture, améliorer la sensibilisation des acteurs, et assurer la santé de la population tout en réalisant les économies d’énergie aujourd’hui indispensables?»

Le projet MESQUALAIR, soutenu par la NPR-Fribourg, a permis la première analyse en Suisse romande des effets de la rénovation énergétique sur l’air intérieur. Aujourd’hui, le projet en cours RAME (Radon mitigation evaluation) a pour but d’étudier la durabilité des mesures d’assainissement mises en œuvre contre le radon.

«Toutes ces connaissances n’ont de valeur que si elles sont ensuite communiquées vers les différents publics cibles.» Le projet Interreg franco-suisse JURAD-BAT a eu entre autres pour but de développer une véritable boîte à outils en ligne: «Le sujet suscite de plus en plus d’intérêt, toutefois ses enjeux ne sont pas encore toujours pris en compte comme ils le devraient. Il est essentiel de développer des outils de communication positive, car la problématique peut être anxiogène.»

Dans le but de fédérer les différents acteurs, croqAIR a mis en chantier un nouveau projet: le développement d’un Observatoire romand de la qualité de l’air intérieur. «Cet observatoire nous permettra de développer des collaborations, de gagner en compétences et en visibilité.»

Répertoire des compétences HES-SO

11 mai 2020