Après avoir passé 14 ans chez Swisscom, Jacques Supcik travaille à plein-temps à la HEIA-FR depuis 2013. Il est passionné par la transmission du savoir et les systèmes embarqués. 

Jacques Supcik donne des cours sur les systèmes d’exploitation et les systèmes embarqués. «J’ai vraiment la passion de l’enseignement. Ça a commencé quand j’étais assistant à l’EPFZ, ça s’est poursuivi lorsque j’ai eu des apprentis chez Swisscom et ça continue aujourd'hui au sein de la HEIA-FR. J’ai toujours aimé transmettre.»

Il n’a en revanche jamais été attiré par le rôle de manager et les séances à rallonge inhérentes à cette fonction. «Chez Swisscom, j’ai d’abord travaillé dans l’équipe qui fournissait des accès internet aux grandes entreprises, puis dans la sécurité. Je suis ensuite devenu chef d’équipe dans le développement d’applications. Mais je n’avais pas envie de finir ma carrière comme manager et j’avais de plus en plus envie de partager les connaissances et les savoir-faire que j’avais acquis.»

Il postule une première fois à la HEIA-FR. Sa leçon d’essai plaît, mais à l’école on ne le connaît «ni d’Adam, ni d’Ève.» On lui conseille de commencer par mettre un pied dans l’institution. Il devient expert pour des projets de diplôme, puis commence à donner un cours sur les systèmes d’exploitation, en passant à 90% chez son employeur. Il augmente ensuite à 30% son taux de travail à l’école, puis, quand un poste se présente deux ans plus tard, il commence vraiment sa carrière dans l’enseignement.

Jacques Supcik a gardé intacte sa liberté de curiosité et il reste l’enfant émerveillé qui a découvert l’informatique à la sortie de l’école primaire. Il sait aussi être facétieux. Lorsqu’on le cherche sur internet, on découvre, sur sa home page:

Hi, I'm Jacques

Technology addict and horses lover

On ne vous parlera pas ici d’équitation, mais on sent bien, durant la discussion, que Jacques Supcik ne se laisse pas facilement conduire dans des directions qui ne sont pas liées à ses propres intérêts. «Quand on dit aux enfants que la curiosité est un vilain défaut, on se trompe. La curiosité est la plus belle des qualités. J’ai toujours voulu comprendre comment les choses fonctionnaient. Je fais beaucoup de recherche personnelle, j’aime étudier, j’accompagne des projets d’étudiants. Je ne m’intéresse en revanche pas beaucoup à l’administration de projets. J’aime mettre la main à la pâte.»

Né en 1967, il fait partie de la génération qui a découvert les ordinateurs dès la sortie de l’école primaire avec le VIC 20, le Commodore 64 et Atari. Lorsque nous le rencontrons dans son bureau et que nous évoquons nos souvenirs communs des Commodore, il sort un SX 64 portable. Enfin quand on dit portable… La taille de la machine était tout de même de 40 x 37 x 13 cm pour un poids de 12,5 kg.

Un jour, chez Manor – qui s’appelait encore La Placette – il profite d’un ordinateur disponible pour taper quelques lignes de programme qu’il a copié sur un bout de papier. Il programme un jeu assez rudimentaire. À côté de lui, un «plus grand» est en train de programmer également, sans papier. Il lui dit qu’il crée une horloge. Jacques Supcik n’y croit pas. Mais au moment du départ du grand, il y a bien une horloge sur l’écran. Il essaie d’afficher le programme, mais l’autre l’a bloqué. C’est un moment fondateur: «Je voulais comprendre!»

Il était déjà passionné d’électronique. «J’aimais construire mes appareils, mais c’était compliqué. À l’époque, il fallait commander le matériel sur des catalogues papier, puis il arrivait par la poste. Si on grillait un circuit, il fallait recommander. Tout cela pouvait prendre beaucoup de temps. Avec l’informatique, je me suis tout de suite dit que je pouvais créer à partir de rien, seulement à parti de mon imagination.» Ensuite, il suit un cours à option au CO de Jolimont, puis il apprend à programmer en BASIC. Au collège Saint-Michel, il poursuit. Il se rend aussi très souvent dans un magasin qui vend de composants et où il peut travailler sur un autre ordinateur. Il aime découvrir le fonctionnement des machines.

«Ma passion, aujourd’hui encore, se situe au carrefour de l’informatique et de l’électronique, par exemple dans les petits systèmes embarqués.» Et c’est donc sans étonnement qu’il collabore avec l’institut iSIS dans ce domaine. «À l’EPFZ, j’ai toujours pris des branches à option dans l’électronique. Ce côté matériel m’a toujours plu. Avec les systèmes embarqués, j’ai le meilleur des deux mondes.»

Au sein d’iSIS, il organise aussi des événements, entre autres les Séminaires Linux embarqués. Il a été, en 2016, l’une des chevilles ouvrières des Fri Software Days. Il a eu le bonheur d’accueillir à Fribourg Richard Stallman, le père des logiciels libres. Il s’est aussi beaucoup impliqué dans l’Hydrocontest, un concours étudiant international dédié à l’efficacité maritime.

Durant son collège, à Saint-Michel, il a commencé à programmer en PASCAL et à prendre quelques libertés avec le code. Il parvient à pirater tous les mots de passe des professeurs et «à planter le système de l’école». Il se fait bien sûr pincer.

Le PASCAL a été inventé entre 1968 et 1972 par Niklaus Wirth, le seul Suisse qui a reçu le Turing Award, l’équivalent du Nobel dans le domaine de l’informatique. «Il était professeur au Poly de Zürich et j’ai décidé d’aller suivre ses cours. J’ai fait mes études en informatique à l’EPFZ. Après, j’ai travaillé pendant une année pour une petite boîte qui développait des langages de programmation et des OS pour des systèmes embarqués, en attendant qu’un poste d’assistant se libère chez Niklaus Wirth. J’ai été son dernier doctorant. Donc oui, le PASCAL a joué un rôle important dans ma carrière. Les langages de programmation continuent à m’intéresser, j’aime en apprendre de nouveaux. Je me suis aussi plongé dans le machine learning, car on ne peut pas le laisser de côté.»

Apprendre toujours pour pouvoir transmettre.

Répertoire des compétences HES-SO 

24 novembre 2020