Dans le courant des années 2010, le virage de la digitalisation s'impose à l'industrie. L'intelligence artificielle est en pleine expansion à mesure que le machine learning se développe, intégrant la révolution des approches deep learning. La HEIA-FR suit la cadence en fondant iCoSys, en 2013. Jean Hennebert, responsable de l'institut, revient sur ce moment: «A la suite de l'appel d'offre lancé par l'École pour la création des instituts, Pierre Kuonen et moi nous sommes regroupés pour réunir nos compétences. Mon domaine était le machine learning, et celui de Pierre était les systèmes distribués. C'est tout naturellement que nous avons songé à fonder cet institut: des systèmes complexes pour un monde complexe.»

Des ingrédients idéaux pour la recherche appliquée

Il précise: «Notre positionnement était bien dans le timing. Nous avons pris le virage de la digitalisation en même temps que les entreprises. Notre positionnement était donc très clair. Nous intervenons dès qu’il y a du calcul sur les données, ce qui nous permet de multiplier les collaborations avec d'autres instituts de l'École, avec le SLL (Smart Living Lab), le PICC (Plastic Innovation Competence Center) et de nombreuses entreprises.»

Avant de fonder iCoSys, en 2013, Jean Hennebert multiplie les expériences professionnelles. C'est par le biais d'un programme d'échange qu'il arrive à Fribourg. «J'ai obtenu un diplôme d'ingénieur polytechnicien en Belgique. Par un échange Erasmus, j'ai ensuite rejoint l'EPFL pour y effectuer ma thèse.» Durant cette dernière, le chercheur fait encore un détour de six mois par Berkeley, où il développe ses compétences en machine learning. En 1998, il rejoint l'industrie pour presque huit ans. «J'ai notamment travaillé chez UBS, où j'ai participé au développement de plusieurs systèmes intégrant l’IA, entre autre pour la sécurisation par biométrie.»

Quelques mois plus tard, capitalisant son savoir acquis durant sa thèse de doctorat, Jean Hennebert crée sa propre société, accompagné de quelques collègues. Les associés s'envolent pour San Francisco où ils parviennent à lever des fonds. «Nous avons développé un système qui permettait d'automatiser les call-center avec des composantes de reconnaissance de parole. Une fois le produit développé, mon rôle était terminé et j'ai quitté l'entreprise», précise-t-il. En 2004, de retour en Suisse, il rejoint l'Université de Fribourg pour quatre ans, puis la HES-SO Valais-Wallis, avant d'être finalement transféré à la HEIA-FR.

L'intelligence artificielle et le calcul distribué

Aujourd'hui, Jean Hennebert est responsable de l'institut iCoSys. Celui-ci se focalise sur l'étude et le développement des systèmes d'ingénierie complexes en se reposant sur quatre axes de recherche principaux, dont le machine learning, qui connaît un succès sans précédent. «Nous créons actuellement une forte expertise dans le traitement digital des documents par deep learning. Nous avons obtenu différents projets et mandats dont le projet innosuisse Datalambic pour la mise en place de systèmes de traduction automatique spécifiques au domaine légal suisse, ainsi qu’avec la BNS (Bibliothèque nationale suisse) pour le traitement de documents historiques.» L'institut se focalise également sur la maintenant prédictive, au croisement de l'industrie 4.0 et de l'intelligence artificielle. «Comment améliorer les processus des industries, en créant des modèles qui leur permettent de ne plus être réactifs, mais proactifs?»

D'autre part, l'institut s'est lancé dans un projet ambitieux dont l'objectif final serait de prédire la météo du soleil. En se basant sur des données récoltées par la NASA, les chercheurs étudient les flare, ces explosions solaires nucléaires qui envoient sur terre des rayonnements, potentiellement dangereux pour les satellites et avions qui passent à proximité des pôles.

Aligner recherches et enseignements

Même à la tête d'iCoSys, Jean Hennebert met un point d'honneur à poursuivre ses activités de recherches. «J'essaie d'aligner mes travaux avec mes enseignements. Je donne un cours de machine learning aux étudiants de Bachelor et de Master, et un cours de deep learning aux étudiants de Master. De cette manière, je me tiens au courant des dernières informations sur le sujet et suis en mesure de les transmettre aux étudiant-e-s.» 

Répertoire de compétences HES-SO

12 novembre 2021