Christophe Allemann, responsable de l’institut ChemTech et féru de chimie des procédés, a la chance d’avoir fait de sa passion son métier.
ChemTech

«Je savais depuis toujours que je voulais étudier les sciences naturelles: c’est leur rigueur qui m’a attiré. Et au collège, j’ai eu un professeur de chimie extraordinaire qui m’a transmis sa passion.» Après son diplôme de chimiste à l’Université de Fribourg, Christophe Allemann réalise sa thèse de doctorat sur la synthèse des complexes de fer et travaille sur l’Ambrox, un ingrédient utilisé en parfumerie: «Ce fut une expérience olfactive mémorable et rare dans un laboratoire!»

Son cursus académique se poursuit en 2002 en milieu anglophone avec un post-doctorat à UCLA (University of California à Los Angeles), expérience qui lui permet de travailler avec une approche plus théorique, sur ce campus qui se révèle extrêmement dynamique: «Deux années extraordinaires. On travaillait 12 heures par jour, 6 jours par semaine, mais c’était passionnant. J’ai eu la chance de travailler avec le professeur Kendall N. Houk, une autorité dans le domaine de la chimie computationnelle et un modèle pour moi par son approche scientifique mais également humaine.»

«J’avais envie de voir l’autre côté du décor.» De retour en Suisse, il souhaite découvrir la chimie industrielle, proche de la production, et commence ainsi une carrière auprès du groupe Syngenta, sur le site de Monthey. Il travaille dans le département du développement des procédés et devient responsable du bâtiment Technologie et procédés, puis intègre le Process Study Group à Jealott’s Hill (Londres) qui réunit les experts de chimie et d’ingénierie des procédés. «En plus du travail sur les procédés – nouveaux procédés, optimisation de procédés existants –, cela m’a donné l’occasion de développer des compétences managériales», explique le chercheur, qui a également dirigé un projet d’ampleur mondiale sur la digitalisation de diverses unités.

«De par mon parcours, j’ai toujours été à cheval entre la chimie de synthèse et la chimie industrielle.» Et Christophe Allemann, qui a rejoint la HEIA-FR en 2013, ajoute avec un sourire: «Mon rôle ici est de faire le lien entre les bâtiments B et H. Lorsque j’ai vu l’offre d’emploi, je me suis dit: C’est incroyable, cela correspond à 100% à mon profil! C’est rare, et très motivant.»

«La chimie pourra apporter des réponses aux questions actuelles de durabilité», une thématique qui lui tient à cœur en ce moment. «De nombreuses start-up souhaitent actuellement entrer sur le marché avec de nouveaux produits à base de matériaux recyclés ou biosourcés: derrière tout cela, il y a beaucoup de chimie.»

Par l’optimisation des réactions à l’aide de nouvelles technologies, la chimie peut aussi devenir plus durable. C’est en préparant un cours de Master qu’il découvre un excellent exemple d’optimisation: l’intensification des procédés, ou comment en faire tout autant avec de plus petits appareillages. «Cela permet en outre d’améliorer les réactions, voire d’en créer des nouvelles, car les phénomènes physico-chimiques à l’œuvre sont différents, les mélanges et les échanges de chaleur sont plus rapides et efficaces. En ayant recours à des réacteurs de la taille de quelques micro- ou millimètres, nous pourrions obtenir les mêmes résultats et la même quantité de produit final qu’avec des cuves de 6'000 litres!»

Dans le même but, Christophe Allemann travaille actuellement aussi sur d’autres pistes prometteuses. «Avec des microréacteurs, nous pouvons également développer des procédés en continu. Et les procédés intégrés permettent de concentrer la réaction et la séparation des produits dans le même appareillage, avec un gain de place à la clé.» Toujours plus petit? «Pas forcément. Certains procédés, comme les bioprocédés, nécessiteront encore de grands réacteurs pour conserver une productivité attrayante.» De nombreux défis restent ouverts.

Répertoire des compétences HES-SO

24 juin 2021