Un prestigieux subside Ambizione pour une chercheuse de la HEIA-FR
Avec son instrument Ambizione, le FNS permet chaque année à de jeunes scientifiques prometteurs de diriger pour la première fois un projet de recherche indépendant dans une Haute école ou une institution. Dr Laura Hendriks fait partie des 97 bénéficiaires de ce subside réputé : elle est d’ailleurs la seule scientifique sélectionnée en 2023 à œuvrer au sein d’une Haute école spécialisée (HES). En plus de donner un élan supplémentaire à sa carrière, ce subside valorise la qualité de la recherche appliquée au sein de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, et plus globalement, de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO).
Dater le patrimoine culturel grâce à la chimie
Le projet de Dr Laura Hendriks se trouve à l’interface entre la chimie et l’histoire de l’art. Il porte en effet sur l’analyse radiocarbone et isotopique des colorants et pigments naturels pour la datation d’objets du patrimoine culturel. «La datation au carbone 14 a été développée dans les années 1950. Au fil des avancées technologiques, la méthode a pu être utilisée sur des échantillons toujours plus petits. La prise de l’échantillon joue toutefois un rôle décisif, car un objet historique possède généralement plusieurs couches de peinture, de vernis, etc. Certaines datent de la création, d’autres de restaurations. Bien souvent, les méthodes existantes ne parviennent pas à prendre en compte la complexité de cette équation, ce qui compromet la qualité de la datation», explique la chercheuse.
Son projet Ambizione vise donc à développer une nouvelle méthodologie d’analyse radiocarbone pour remonter à la source d’une oeuvre d’art en isolant et étudiant spécifiquement certains composés – les colorants et pigments naturels – plutôt que toute la masse de l’échantillon. La chercheuse va d’abord se concentrer sur des matrices simples comme les textiles historiques, puis s’atteler progressivement à des objets plus complexes. Sous sa supervision, Lionel Rumpf, doctorant affilié à l’Université de Berne, va travailler sur des oeuvres peintes. Le but est ensuite d’étendre la méthode à d’autres composants (liants, vernis), ainsi qu’à d’autres supports – timbres, instruments de musique, etc.
Dans un deuxième temps, un·e postdoctorant·e s’intéressera aux isotopes de carbone stables, tels que le carbone 13. «Le climat et le sol où poussent les plantes influencent la signature isotopique du carbone dans ces végétaux. Ainsi, il est possible que l’analyse de cette composition et de ses variations permette de déterminer la provenance géographique d’une œuvre», précise Dr Laura Hendriks.
Continuité de six ans de recherches
Les travaux de Dr Laura Hendriks s’inscrivent dans la continuité de six ans de recherches dans le domaine du carbone 14 et des sciences du patrimoine. Titulaire d’un Bachelor et d’un Master en chimie de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ), elle a consacré sa thèse de doctorat à la datation d’oeuvres d’art à l’ETHZ. Après avoir travaillé dans l’industrie pharmaceutique, la scientifique a poursuivi ses travaux de recherche à la HEIA-FR grâce à une bourse Branco Weiss – Society in Science, qui soutient les postdoctorant·es aux qualifications et réalisations scientifiques exceptionnelles.