Un brancard low tech conçu à la HEIA-FR soumis à un test grandeur nature

Concevoir puis créer un brancard tout-terrain et low tech, fabricable dans les régions en manque de moyens préhospitaliers ou en guerre : c’est le défi relevé par Michael Progin, étudiant en 3ème année de Bachelor en Génie mécanique à la HEIA-FR dans le cadre de son travail de diplôme. Lundi, les sauveteurs de la colonne de secours de Bulle (Secours Alpin Suisse) ont soumis avec succès le prototype à un test pratique en conditions réalistes. 

Dans les régions du globe où l’accès en ambulance est impossible, le transport de personnes blessées ou malades est souvent long et éprouvant – tant pour les sauveteurs que le patient. Pour remédier au manque de moyens préhospitaliers pour le transport de patients en terrains difficiles, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a invité les étudiant·es en 1ère année de Bachelor en Génie mécanique à esquisser des concepts de brancards tout-terrain et low tech dans le cadre d’un travail de semestre, en septembre 2022. A l’issue de cet exercice avec le CICR, l’idée a poursuivi son chemin auprès des étudiant·es de 3ème année à la HEIA-FR.  

C’est Michael Progin qui a choisi ce sujet pour son travail de Bachelor en septembre 2023. Pour ce projet, le diplômant en génie mécanique, également sapeur-pompier volontaire, a collaboré avec la Haute école de santé Fribourg, le Secours Alpin Suisse et la Rega. « J’ai pu voir le matériel que ces institutions utilisent pour l’aide aux blessés en terrains difficiles. Nous avons aussi échangé sur leurs façons de faire, afin de cerner au mieux les besoins des soignants et secouristes », explique-t-il. 

De l’état de l’art à la production sur place

Selon les principes du low tech, l’étudiant a conçu et réalisé un prototype modulable, facile à fabriquer et à réparer sur place avec peu de ressources matérielles et financières. « J’ai utilisé les matériaux les plus basiques possibles (l’acier et le tissu), en reconditionnant des éléments tels que des pièces de vélo ou une bâche de camion », précise-t-il. Les fonctionnalités du brancard répondent à de multiples scénarios.

La civière peut stabiliser complètement le patient ou être séparée en deux pour l’extraction de victimes. Un module de deux roues orientables pour voies étroites ou voies larges peut être ajouté pour le transport sur de longues distances. Il est également possible de monter un statif pour poser une perfusion, de fixer une bouteille à oxygène sous la civière ou d’installer un ombrage au-dessus du visage du patient. Pour un meilleur confort, le dossier peut être incliné à 30°, 60° ou à 15° au niveau du dos et 15° au niveau des jambes. Le brancard peut aussi se transformer en lit de campagne lors des pauses ou s’il n’y a pas de lit disponible lors de l’arrivée au centre médicalisé. Une fois replié, le brancard est transportable par une seule personne. 

Un test concluant sur le terrain

Lundi 8 juillet 2024, les sauveteurs bénévoles de la colonne de secours de Bulle ont testé le prototype sur le terrain. Les participants ont d’abord assemblé le brancard, puis installé un patient volontaire et réalisé des déplacements sur une route, dans un pré et sur un sentier cahoteux. L’ultime test a consisté à descendre en rappel une falaise de 35 mètres avec la civière. Les sauveteurs de la colonne de secours sont au bénéfice d’une longue expérience en tant que partenaire de la chaine du sauvetage cantonale, spécialement en terrain difficile ou situations périlleuses.

Ils ont notamment salué la légèreté, l’ingéniosité et la facilité d’utilisation du brancard. La possibilité d’écarter les roues en voie large a été appréciée. Les quelques propositions d’amélioration faites par les sauveteurs du Secours Alpin Suisse seront intégrées au concept. « Ces échanges ont été particulièrement enrichissants. Au final, ce projet est une bonne synthèse des études à la HEIA-FR : il va de la définition du problème et la réalisation d’un concept à la construction et aux tests d’un prototype. De plus, ses résultats peuvent avoir un effet positif sur la vie de personnes en régions défavorisées », se réjouit Michael Progin.

Le concept ayant reçu l’intérêt et le retour positif de professionnels, les prochaines étapes consisteront à intégrer les améliorations proposées et nouer des collaborations pour que le brancard puisse être répliqué à l’étranger sur la base d’un manuel de fabrication et d’utilisation.