Tout a commencé par un apprentissage dans les laboratoires de l’ETHZ. Une fois le diplôme de chimiste obtenu à la HTL de Winterthour, Roger Marti travaille une année auprès de Ciba-Geigy à Bâle, avant de retourner à l’ETHZ où il conclut ses études par un doctorat suivi d’un post-doctorat chez Sandoz aux États-Unis. Il passe ensuite chez CarboGen, collaborant déjà avec la HEIA-FR pour un projet portant sur les solvants écologiques. Fasciné par le mélange entre recherche appliquée et enseignement, il poursuit sa carrière dans le monde des hautes écoles, d’abord à la ZHAW, puis à la HEIA-FR, auprès de l’institut ChemTech, où il a également été responsable de la filière de Chimie et du Master.

Ce parcours, très dynamique, reflète son intérêt pour les projets liés à l’intersection des milieux académique et industriel, deux univers dans lesquels son important réseau joue un rôle essentiel: «J’essaie de passer le moins de temps possible au bureau, et le plus possible dans les laboratoires, pour discuter et comprendre ce qui se passe». Également très motivé par sa mission d’enseignant, dans un futur proche Roger Marti prévoit de s’accorder un temps de réflexion pour approfondir la question de la digitalisation: «Mon enseignement est encore très analogique», avoue-t-il en rigolant.

Mais pourquoi la chimie? «C’est incroyable ce que l’on peut faire avec des molécules! Dans les laboratoires, il faut mettre la main à la pâte, d’autre part, il faut aussi travailler avec sa tête. C’est ce mélange entre les aspects théoriques, la pratique et le bricolage, jusqu’aux applications dans la vie de tous les jours, qui me passionne.»

«Nous devons être avec les deux pieds dans l’éprouvette», explique-t-il avec enthousiasme en citant l’un de ses professeurs. Et il précise: «Il faut toujours être dans la réaction: essayer de comprendre où l’on en est, ce qui se produit et à quel moment, comment on peut utiliser cela et le modifier.»

Dans ses projets, c’est exactement ce que Roger Marti aime faire: se plonger littéralement dans chaque étape des réactions pour comprendre ce qui se passe au niveau moléculaire. C’est ainsi qu’il a par exemple pu développer un nouveau matériel de remplissage dentaire à base de polymères qui présente un très haut niveau de stabilité ainsi qu’une biocompatibilité accrue. Et ce projet Innosuisse, réalisé en collaboration avec la HEVS sédunoise et l’entreprise saint-galloise Saremco Dental AG, a été le terrain idéal pour bâtir des synergies solides entre plusieurs partenaires en franchissant distances et barrières linguistiques. Ce produit est aujourd’hui sur le marché: «Et quel plaisir de mélanger 10 à 20 kg de pâte dentaire à la fois dans les laboratoires!»

«Cette histoire de polymères devient toujours plus importante», souligne-t-il. Les applications potentielles de matériaux à base de polymères – en tant qu’alternatives biocompatibles – sont nombreuses dans plusieurs domaines, de l’ingénierie des tissus à l’impression 3D: une nouvelle piste qu’il aimerait suivre aussi avec le Plastic Innovation Competence Center de la HEIA-FR. Ses projets futurs s’inscrivent ainsi dans un contexte vaste et extrêmement actuel: les problématiques liées au plastique, à l’économie circulaire et à la diminution et valorisation des déchets.

C’est aussi dans cette direction que va le travail de Bachelor que Roger Marti a suivi en 2019, réalisé en collaboration avec la start-up Bloom et l’EPFL, visant l’extraction de la lignine, polymère organique contenu dans le bois. Ici encore, il s’agit de conjuguer une approche moléculaire avec une utilisation directe, manuelle, de la matière première brute. «Etwas crazy! Si on y parvenait vraiment, ce serait incroyablement passionnant.» 

Répertoire des compétences HES-SO

25 September 2019